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France/Les six semaines qui ont empoisonné la campagne de François Fillon

France/Les six semaines qui ont empoisonné la campagne de François Fillon

 

Depuis la révélation le 24 janvier par Le Canard enchaîné que le candidat des Républicains François Fillon aurait employé fictivement son épouse Penelope en tant qu’attachée parlementaire pendant plus de huit ans, ce qui est devenu le « Penelopegate » empoisonne la campagne de l’ancien Premier ministre. Retour sur les principales étapes de l’affaire.

MARDI 24 JANVIER : L’affaire démarre suite aux révélations du Canard enchaîné sur des rémunérations perçues par l'épouse du candidat, Penelope Fillon (née Clarke) pendant huit ans au titre d'attachée parlementaires et pendant 20 mois comme collaboratrice à La Revue des deux mondes. L'hebdomadaire dit ne pas avoir trouvé la trace des activités exercées en contrepartie de ces rémunérations, dont 500 000 euros bruts pour son rôle d'assistante auprès de son époux puis de son suppléant.

MERCREDI 25 JANVIER : Devant la polémique naissante, François Fillon s'exprime pour la première fois en dénonçant la « misogynie » du Canard enchaîné : « Alors parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ? ». Le même jour, le Parquet national financier (PNF) ouvre une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.

JEUDI 26 JANVIER : Les policiers saisis du dossier débutent leurs investigations par une perquisition à La Revue des deux mondes, propriété de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon. Le soir, François Fillon se défend au journal de 20h00 de TF1: il assure que le travail de son épouse était « réel », révèle qu'il a également embauché deux de ses enfants pour des « missions précises » lorsqu'il était sénateur et fait savoir qu'il se retirera en cas de mise en examen.

VENDREDI 27 JANVIER : Alain Juppé, battu au second tour de la primaire de novembre 2016, exclut d'être un recours dans l'hypothèse d'un retrait de l'ex-Premier ministre. A Nanterre, près de Paris, les enquêteurs entendent la journaliste Christine Kelly, auteure d'une biographie de François Fillon, et pendant plusieurs heures l'ex-directeur de La Revue des deux mondes Michel Crépu. Ce dernier a auparavant déclaré à la presse ne pas avoir eu connaissance d'un poste occupé par Penelope Fillon, laquelle n'a selon lui rédigé que deux notes de lecture de moins d'une page chacune pour la publication. Le même jour, la presse révèle que le fils et la fille de François Fillon n'étaient pas avocats en 2005-2007 lorsqu'ils ont travaillé au service de leur père, contrairement à ce que celui-ci a laissé entendre la veille sur TF1.

DIMANCHE 29 JANVIER : Déstabilisé, l'ex-Premier ministre tente de reprendre la main à travers une interview accordée au Journal du Dimanche et avec un meeting de lancement de campagne, à Paris, prévu de longue date. « A travers Pénélope, on cherche à me casser », lance-t-il devant plusieurs milliers de partisans tout en assurant qu'il ne se laissera pas « intimider ». Le Journal du Dimanche publie dans la même édition les éléments d'une deuxième affaire : l'hebdomadaire fait état de chèques qu'aurait reçu François Fillon pour un montant total de 21 000 euros, puisés dans une caisse noire du Sénat, entre 2005 et 2007.

LUNDI 30 JANVIER : L'enquête sur le Penelopegate, comme l'a baptisé une partie de la presse, s'accélère avec l'audition du candidat et de son épouse, pendant environ cinq heures, à l'abri des caméras de télévision.

MARDI 31 JANVIER : Nouvelle accélération de l'enquête, avec une perquisition effectuée à l'Assemblée nationale, en particulier dans le bureau de l'ancien chef du gouvernement. A l'origine de la tempête, Le Canard enchaîné revoit ses premiers chiffres à la hausse: le salaire brut de l'épouse du candidat comme attachée parlementaire s'élèverait à 830 000 euros, et non à 500 000 euros, auxquels s'ajouteraient 100 000 euros pour La Revue des deux mondes. Les enfants du couple ont par ailleurs perçu 84 000 euros pour leur collaboration auprès de leur père au Sénat, toujours selon le journal satirique.

MERCREDI 1er FÉVRIER : Devant les parlementaires Les Républicains, François

Fillon accuse pour la première fois le pouvoir « d'orchestrer un 'coup d'Etat institutionnel' » dirigé contre lui et demande aux élus de tenir « 15 jours », le temps que l'enquête donne ses résultats. Mais les premières lézardes apparaissent aussitôt : le député sarkozyste Georges Fenech juge le résultat de la primaire « caduc » et le juppéiste Philippe Gosselin exhorte le maire de Bordeaux à réfléchir à la possibilité de revenir dans le jeu. Nouveau refus d'Alain Juppé, qui ne veut pas apparaître comme un « plan B ». Aux multiples nuages qui s'accumulent, s'ajoute un sondage Elabe, qui place François Fillon en troisième position au premier tour, derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et accrédite l'hypothèse d'une élimination au premier tour.

JEUDI 2 FÉVRIER : France 2 diffuse une interview, datant de 2007, dans laquelle l'épouse de François Fillon affirme n'avoir « jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là ». « Je ne m'occupe pas de sa communication », ajoute-t-elle dans cet entretien en anglais au Sunday Telegraph. On apprend par ailleurs, de source proche du dossier, que l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs a été étendue aux deux enfants aînés du couple.

VENDREDI 3 FÉVRIER : Le président du Sénat Gérard Larcher autorise la communication au Parquet national financier (PNF) de documents relatifs à l'activité exercée dans ses murs par les deux aînés du couple Fillon entre 2005 et 2007.

DIMANCHE 5 FÉVRIER : Le centriste François Bayrou, qui a un temps négocié avec François Fillon en vue d'un possible ralliement, estime le que le vainqueur de la primaire doit se désister « pour retrouver un débat qui soit à la hauteur ».

LUNDI 6 FÉVRIER : François Fillon, dont la candidature semble plus que jamais menacée, organise une grande conférence de presse à son siège de campagne, durant laquelle il présente ses « excuses » pour avoir rémunéré son épouse et deux de ses enfants avec des fonds publics. Il dit avoir commis une « erreur », mais rien d'illégal. Cette explication de texte produit en partie l'effet escompté : les parlementaires les plus remuants, à commencer par Georges Fenech, rentrent momentanément dans le rang.

JEUDI 9 FÉVRIER : Deuxième étape de la contre-offensive, cette fois sur le terrain juridique: les avocats de François Fillon demandent au Parquet national financier de se dessaisir de l'enquête. Lors d'une conférence de presse conjointe, Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille jugent l'enquête « illégale », le parquet financier « incompétent » dans cette affaire et la séparation des pouvoirs « écornée ».

MARDI 14 FÉVRIER : La fronde se réveille à l'initiative des mêmes parlementaires, réunis autour de Georges Fenech, qui font circuler un courrier exigeant la tenue d'un bureau politique des Républicains pour envisager les pistes possibles. Mais François Fillon leur oppose une nouvelle fin de non-recevoir et obtient, lors d'une réunion du groupe LR, le soutien des députés de son camp, toutefois préoccupés par les propos entendus dans leur circonscription. Le même jour, Le Canard enchaîné rapporte qu'une enquête préliminaire pour suspicion de fraude fiscale a été ouverte par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) à l'encontre de Thierry Solère, porte-parole de François Fillon. Ce dernier annonce qu'il va porter plainte pour diffamation.

JEUDI 16 FÉVRIER : Le Parquet national financier fait savoir, après réception des premiers résultats de l'enquête préliminaire, qu'il écarte « en l'état » un classement sans suite de la procédure.

SAMEDI 18 FÉVRIER : Dans un entretien publié dans Le Figaro, François Fillon dit son intention d'être candidat à l'élection présidentielle « jusqu'à la victoire », quelle que soit la suite donnée par la justice, y compris dans l'éventualité d'une mise en examen, reniant ainsi son engagement de campagne.

VENDREDI 24 FÉVRIER : Le Parquet national financier annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique. En meeting à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), François Fillon déclare : « Si nos convictions déclenchent autant de fureur, si ma personne est attaquée avec tant d’acharnement, c'est parce qu'elles heurtent le consensus mou qui n’aime la droite que lorsqu'elle marche à l'ombre et lorsqu'elle réforme a minima ».

MERCREDI 1er MARS : Alors que François Fillon est annoncé au Salon de l’Agriculture à Paris, visite prévue de longue date, son équipe de campagne fait savoir à 8h12 que la visite est « annulée », sans donner plus d’explication. Selon une source proche du candidat, François Fillon et son épouse auraient reçu dans la matinée une convocation pour le 15 mars afin d’être mis en examen. A 12h30, François Fillon fait une déclaration de 8 mn. dans laquelle il confirme avoir été convoqué par les juges et qu'il se rendra à cette convocation mais qu'il maintient sa candidature. Il ajoute néanmoins : « Depuis le début, je n'ai pas été traité comme un justiciable comme les autres » et il évoque même « un assassinat politique »le concernant ». Peu après 14h00, Bruno Le Maire annonce qu'« en accord avec ses principes », il démissionne de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales de la campagne de François Fillon. A 17h30, le parti centriste UDI, qui avait soutenu Alain Juppé lors de la primaire, annonce qu'il « suspend » sa participation à la campagne de François Fillon.

 

 (avec Reuters)

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