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Reportage: Sport et inclusion/ En situation de handicap, ils veulent seulement exister

Photo de famille avec des rollers enPhoto de famille avec des jeunes en situation de handicap  en face  du Palais des Sports de Treichville  Photo de famille avec des rollers enPhoto de famille avec des jeunes en situation de handicap en face du Palais des Sports de Treichville

  Il est 13 h 30, dimanche 24 novembre 2024.  Sur un  parking se trouvant en face du Palais des sports, de Treichville,  des jeunes  s’entrainent sous la supervision du coach Coulibaly Hamed. Ils jouent au football. Mais qu’est-ce que cela a-t-il d’insolite ?  Rien apparemment.  Mais le fait est que ces jeunes qui sont sur ce parking ne sont pas comme les autres. Du moins, du point de vue physique. Ils sont  en situation de handicap.  Mais comment s’y prennent-ils donc ? Est-on tenté de s’interroger. Pour la plupart en situation de handicap physique , ils se déplacent à l’aide de Roller, patin à roulettes auquel est fixée une chaussure haute et rigide.  Au rebours des gens dits normaux, ils jouent le ballon rond de la main.  Affublés du préjugé de mendiant en raison de leur handicap, ces jeunes refusent de s’apitoyer sur leur sort. Ils ont donc décidé  de prendre leur destin en main, de rester dignes et d’exister en pratiquant le Handi-RollBall. Signe que l’inclusion par le sport, c’est  possible. Reportage.

L’inclusion, fondement de la création du handi-RollBall

La genèse du handi-Rollball est contée par Léon Kragbé, Président de l’association sOli’ciproquE créée en 2010 à  Bayeux en  France pour former la jeunesse et organiser des activités socioéducatives pour les enfants malades ou bien portants.  L’association s’intéresse également  au bien-être des handicapés. Interrogé le 24 octobre 2024, à Abidjan-Plateau où il y a marqué une halte, Léon Kragbé  énonce la date de création de la Fédération Ivoirienne  de Rollball.  «  Il y a 6 ans, on a créé une école de roller  en Côte d’Ivoire et la fédération existe il y a deux ans. Monsieur Ouattara  Sidick en est le président. Dimanche 20 octobre dernier, on était avec eux au terrain 105 à  Treichville pour l’ouverture de la saison. On y a pratiqué le roller. Aujourd’hui avec eux,  nous sommes sur le handi-sport.  L’idée est d’insérer les handicapés dans le sport », a déclaré celui qui a délégué ses pouvoirs  à Ouattara Sidick qui,  à son tour, travaille en étroite collaboration avec Coulibaly Hamed, intervenant sur l’axe handi RollBall.

Selon  le coach Coulibaly Hamed,  fondateur d’un club,  ils sont passés de deux (2) équipes à six (6) aujourd’hui. A savoir Yopougon, Abobo, Adjamé, Treichville, Attécoubé et Koumassi. « On a débuté avec six (6) personnes,  aujourd’hui on compte près de 65 membres sans compter les abandons. C’est un sport comme tous les autres avec des règles.  Il se joue normalement sur un terrain de handball. Le match dure quatre-vingt (80) minutes soit deux mi-temps de  quarante (40) minutes.  Il oppose deux (2)  équipes de six  (6) joueurs chacune plus un gardien de but. Ce sport est  également pratiqué dans différents pays comme le Cameroun, le Ghana,  le Nigeria,    le Soudan,  le Bénin et le Togo sous  différentes appellations », a-t-il ajouté de l’eau au moulin de Léon Kragbé.

N’empêche, ils n’éprouvent pas moins de difficultés. Et c’est Léon Kragbé qui met le pied dans le plat en dénonçant un manque d’infrastructure adaptée à la pratique du handisport en général. 

 

L’absence d’infrastructures handicape les handicapés

 «  Les infrastructures ne sont pas  souvent adaptées aux handicapés.  Ce qui met leur vie en danger », a interpellé le président de l’association sOli’ciproquE avant  de mettre un  holà face aux agissements de certains partenaires. 

« Aujourd’hui nous rencontrons des difficultés parce que n’ayant pas les mêmes dispositions associatives  que nos collègues ici. Les partenaires sont des partenaires de très longues dates c’est vrai, mais certains nous proposent des actions  dans un sens où il faut qu’on fasse tout pour leur bien généralement et  on n’arrive pas à tirer bénéfice pour la population et ça c’est difficile.  Quand on met en place une initiative, le premier axe c’est la population. On essaie de répondre  aux besoins  de nos partenaires avec notre apport et leur accompagnement sauf que leur accompagnement n’est jamais réalisé et réalisable. Du coup, chaque fois qu’on est venu ici pour faire ce type de partenariat, on a toujours été ceux-là qui apportons les choses, jamais de retour ni de prise en charge des infrastructures dans lesquelles on doit intervenir. On se retrouve même parfois à payer ces infrastructures une fois sur place et ça,  ça nous pèse », a-t-il  déploré.

Bon an mal an,  l’aventure se poursuit  avec ces jeunes en situation de handicap  qui s’en donnent à cœur joie. Ils tiennent à pratiquer, au péril même de de leur intégrité physique,   leur passion. Laquelle leur redonne de la dignité et réjouit leur cœur. Il suffit de les voir évoluer  sur cet espace exigu avec deux petits poteaux faits de palettes, pour s’en convaincre. Eux qui crient comme des gamins, n’hésitant pas  à lever les mains et à rire aux éclats chaque fois que leur équipe score. Débordant de joie, il urge de faire quelque  chose pour pérenniser leur résilience. Et le coach Coulibaly  semble avoir la panacée dans sa besace.

 

Le terrain d’Attécoubé-Banco, une alternative salvatrice      

Avant d’atterrir sur ce parking , ces jeunes qui ambitionnent de jouer  au football et qui ont décidé de fourbir leurs armes au handi-Rollball , s’entrainait sur un terrain à Attécoubé-Banco . Mais comme ce terrain, au dire du coach Coulibaly Hamed, « est gâté, nous avons décidé de venir ici. Si le terrain d’attécoubé- Banco pouvait être réhabilité, ça allait être bien. Monsieur Ouattara SIdick nous soutient. Aussi, certaines personnes, en nous voyant ici,  nous lance des pièces mais c’est insignifiant. Si des bonnes volontés pouvaient réhabiliter le terrain d’Attécoubé-Banco, on serait content. On a aussi besoin de maillots, de rollers que nous changeons à chaque fois  et  de ballon. Etre handicapé ne veut pas dire qu’on est mendiant. On a seulement besoin d’aide », a-t-il conclu sous les vivats de ces jeunes gens ragaillardis par cette visite surprise qu’ils ont beaucoup appréciée.  

 Patricia Lyse       .

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