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REPORTAGE: Epononkro: Education nationale / une école coloniale au temps moderne

Une vue des deux classes de l’école communautaire d‘Epononkro Une vue des deux classes de l’école communautaire d‘Epononkro

 

 

Vendredi 16 septembre 2023, il est 14 heures 30 à Epononkro, petite bourgade  située à vingt-deux (22) kilomètres du département d‘Agnibilékrou et à environ deux cents quatre-vingt-huit (288) kilomètres d’Abidjan. En l’absence du chef du village Nanan Malan Kouadio allé en ville pour des soins, le président des jeunes d’Epononkro, Touré Katinan Joseph, le président du Comité de Gestion des Etablissements Scolaires (Coges) et quelques villageois revenus expressément des champs parlent des difficultés  de ce village qui souffre de l’absence des infrastructures de base. Une visite de l’école replonge les visiteurs dans l’époque coloniale. Or,  à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de  l’enfance le 20 novembre 2024,  Jean François Basse, représentant de l’Unicef  en Côte d’Ivoire, déclarait que ‘‘l’émergence d’un pays doit inclure chaque enfant’’.  Malheureusement, en ce 21ème siècle, il  se trouve encore en Côte d’Ivoire, précisément à Epononkro, une école dite communautaire de deux (2) petites classes faites de bambous et de feuilles de palme qui accueillent  environ 200 enfants du Cours préparatoire première année  (CP1) au Cours moyen deuxième année (Cm2). Les plus grands sont obligés de parcourir cinq (5) km à pied pour rallier le groupe scolaire de Yobouakro qui possède quatre (4) écoles. Une situation difficile pour les parents et les enfants qui souffrent énormément et qui appellent à l’aide des bonnes volontés pour leur permettre d’avoir une école digne de ce nom. Reportage.

 

Historique et atouts du village

Le président des jeunes d’Epononkro, Touré Katinan Joseph, avant d’entrer dans le vif du sujet,  a fait l’historique du village, a présenté ses atouts et a lancé un appel à l’aide aux autorités. « Le village a été créé par Nanan Eponon qui vient d'Ayenou. Il est venu à Yobouakro où il a croisé le chef Nanan Api Yoboua qui a cherché un coin pour Nanan Eponon qui a bâti ce campement qui est devenu aujourd'hui un gros village. Actuellement, le chef du village est Malan Kouadio. Il est absent aujourd'hui parce qu'il est  souffrant. Il est allé se soigner. On produit ici le café, le cacao, l'anacarde, la banane, l'igname et le tarot. Tout ce qui est vivrier, nous le produisons ici. Mais on ne  trouve pas les gens pour venir acheter notre vivrier à cause de l'état de la route et tout pourrit. Ce qui fait qu'on ne gagne pas d'argent pour acheter les fournitures de nos enfants. On a tout ici, les femmes ont des groupements tout comme les jeunes. Alors,  si  la Première dame Dominique Ouattara peut nous aider, ça va nous arranger. On a besoin de soutien pour acheter des produits pour traiter nos champs. La population crie, les femmes crient, les jeunes crient. Quand vous arrivez à Agnibilékrou, tout le monde sait qu'il y a de grands planteurs à Epononkro. Mais on a des problèmes pour acheminer nos produits », a révélé le président des jeunes Touré Katinan Joseph qui s’est également appesanti sur la souffrance des élèves, confinés dans deux petites salles de classe en bambous et en feuilles de palme. 

Epononkro ou le calvaire des élèves

 Interrogé, Touré Katinan Joseph présente ce gros village qui manque de presque tout. « Mon village a neuf cents (900) habitants. Il est situé à cinq (5) kilomètres de Yobouakro dans le département d'Agnibilékrou. C’est un village électrifié et on a un petit  château d'eau mais la pompe qui tire l'eau est en panne. Il nous faut un grand château aujourd'hui  pour que l'eau arrive dans les maisons pour qu'on puisse vivre à l'aise comme les autres.  En plus,  on n'a pas encore  de dispensaire et d'école. La voie est aussi dégradée. Raison pourquoi, on fait appel aux autorités pour nous aider. Actuellement, notre priorité c'est l'école pour aller de l'avant. Pour éviter que les tout-petits parcourent cinq (5) kilomètres pour rejoindre le groupe scolaire de Yobouakro avec tous les risques que cela comporte, nous avons construit une école communautaire  de deux (2) classes en bambous et feuilles de palme. Notre village est peuplé, c'est pourquoi on souhaite que l'Etat nous aide. Les plus grands souffrent. Ils sont obligés de parcourir cinq (5) kilomètres à pied pour se rendre à Yobouakro. S'il pleut, la pluie les chicote. De plus, on les laisse à 17h 30. Avant d'arriver ici au village, il fait nuit. Quand on revient des champs et qu'on  ne les voit pas, notre cœur n'est pas tranquille. On est souvent obligé d'aller à leur rencontre. Notre cri du cœur c'est l'école », a-t-il fait savoir.

A sa suite, Kaboré Inoussa, Maitre du Ce1 à Epononkro qui est à sa septième  année d’expérience,  a rappelé qu’ils sont quatre (4) bénévoles. « Nous sommes quatre (4) bénévoles. Moi je prends la classe de Ce1, Eponon Kouakou Roger prend la classe de Cm1,  Kouamé Jean Paul prend la classe de Cm2 et Kaboré Moussa les CP. Au Ce1,  il y a quarante-cinq  (45) élèves. Les enfants suivent bien les cours » a-t-il révélé.

 A la question de savoir si l’enseignement dispensé est reconnu, le président du  Comité de Gestion des Etablissements Scolaires (COGES) des quatre (4) écoles de Yobouakro, Kouassi Ettien François atteste que oui. « L'enseignement dispensé par les bénévoles d'Epononkro est reconnu. Les bénévoles dépendent de nos Directeurs. Chaque fois qu'il y a des compositions, les élèves de CM2 viennent à Yobouakro pour composer. Quand il y a des problèmes, nos directeurs se rendent à Epononkro  pour les aider », a-t-il conclu.

Il faut signaler qu’au moment où nous quittions le village, une troisième classe était en construction.

Patricia Lyse   

 

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