Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 tués dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes, où cinq soldats ont également péri dans l'explosion d'un engin artisanal.
Au moment du culte dominical, "un groupe armé terroriste" a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha au nord-est du pays, et "attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents", a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.
"Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d'une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées", a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué.
"Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins", a ajouté le gouverneur.
"Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées", a-t-il annoncé.
Attaques meurtrières jihadistes à répétition
Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d'enlever sept personnes au domicile d'un pasteur.
Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.
Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d'Afrique de l'Ouest.De nombreux précédents
Dimanche, cinq soldats burkinabè ont été tués dans l'explosion d'un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité."Un véhicule d'une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin", dans la province du Loroum, a indiqué une de ces sources.
Les attaques à l'engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 et ont coûté la vie à une centaine de personnes. Les précédents sont nombreux. Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d'une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est). Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l'explosion d'un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d'Arbinda, dans la province du Soum (nord). Fin décembre 2019, une attaque avait aussi entraîné la mort de 35 civils dont de nombreuses femmes.
Une crise humanitaire
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n'arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l'aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes (bientôt 5.100) dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane.
Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.
Les violences jihadistes - souvent entremêlées à des confits intercommunautaires - au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l'ONU.
Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.
Avec AFP