‘‘C’est quand le Rdr est en difficulté qu’il semble vouloir l’alternance’’
Délégué départemental Pdci-Rda d’Alépé, Dr Yapi Kouadio Isidore a été élu député de cette circonscription sous la bannière d’indépendant. Après avoir remis sa victoire à son parti, il n’est pas allé du dos de la cuillère pour cracher ses vérités. En appelant la direction du parti à ouvrir les yeux sur certains faits qui doivent faire gagner le Pdci-Rda en 2020, le militant intrépide du Parti d’Henri Konan Bédié à Alépé dénonce certains comportements du Rdr qui mettent à mal la cohésion entre les alliés.
Plusieurs candidats indépendants qui ont été élus lors des dernières législatives sont revenus à la maison. Quelle est votre situation aujourd’hui ?
Oui, je suis allé en indépendant et la direction du parti, notamment le Secrétariat exécutif, connait les raisons de mon choix. A une réunion des délégués avec le Secrétariat exécutif avant les législatives, j’avais confié que le candidat du Rhdp ne pouvait pas gagner les élections à Alépé. Lorsqu’il a perdu les élections en 2011, il est venu s’assoir à Abidjan. Ce n’est qu’à la veille de ces élections, qu’il est revenu et s’est présenté encore comme candidat. Et malgré les achats de voix, il a perdu. Concernant le Pdci-Rda, j’ai réfléchi avant d’être candidat indépendant. Ma suspension est normale puisque je n’ai pas été élu au poste de délégué. Cependant, j’ai fait une précision : j’ai dit que j’irai en indépendant, mais je ne quitterai pas le Pdci-Rda. Pour moi, c’est une conviction. Après les élections donc, j’ai rencontré le Secrétaire exécutif à qui j’ai remis ma victoire sans problème. Je fais donc partie du groupe parlementaire du Pdci-Rda à l’assemblée nationale.
Qu’est-ce qui a milité en votre faveur ?
Depuis plus de 20 ans je suis en campagne. Je suis sur le terrain depuis longtemps, avant même que je ne sois nommé délégué en 2013. C’est ce qui a milité en ma faveur. Les délégués qui sont passés avant moi peuvent le confirmer. Je pourrais dire que je fais partie de ceux qu’on envoie dans des situations difficiles. Je me sacrifie toujours pour le parti avec mes moyens de bord. Je fais partie de ceux qui ont travaillé avec loyauté pour le Pdci-Rda sous les deux autres délégués départementaux à Alépé. Une campagne se prépare et nos parents ont commencé à comprendre qu’ils ne voteront pas pour quelqu’un pour de l’argent.
N’est-ce pas parce qu’Alépé est un bastion du Pdci-Rda que vous avez remporté les élections ?
Nous sommes plusieurs partis politiques dans tous les départements comme à Alépé. La direction sait qu’à Alépé, nous sommes dans une zone difficile parce que depuis 1990, la région de la Mé dont fait partie Alépé est devenue le bastion du Fpi. Mais dans ce genre d’élection de député, de maire, de conseil régional, ce sont les individus qui comptent pour nos parents. Qu’ils soient Pdci, Rdr, Fpi, Udpci etc., ce sont les actes posés dans la localité qui comptent avant de se porter candidat. Je n’ai pas gagné les élections parce qu’Alépé est un nouveau bastion pour le Pdci-Rda. J’ai gagné parce que les populations d’Alépé me font confiance. Toutefois, si tous les militants d’Alépé prennent conscience de ce que le travail que je fais est pour le parti et non pour moi, le Pdci-Rda sera plus fort à Alépé. Malheureusement, certaines personnes ne comprennent pas cela. Elles pensent que ce sont-elles qui doivent toujours être devant, or nous sommes en politique et ce n’est pas évident. La direction du parti doit régler ce genre de problèmes qui existent dans beaucoup de délégations.
Quels sont vos rapports avec la direction du parti après ces élections ?
Les relations sont bonnes, je n’ai pas de problème avec le Pdci-Rda, j’y suis par conviction, je ne suis pas un essuie- glace. Mais la seule chose que je déplore, c’est que les candidats retenus par le Pdci-Rda pour aller en confrontation avec les autres partis du Rhdp n’ont pas été connus à temps. A l’heure où nous parlons, je ne sais pas si j’ai été retenu comme candidat du Pdci-Rda pour les élections législatives puisque la liste n’est jamais sortie. En tant que délégué départemental, je dirai toujours la vérité sur ce qui se passe sur le terrain. Je ne ferai pas de faux rapports pour faire croire à la direction du parti que tout va bien et au moment de l’élection présidentielle par exemple, au lieu de 2000 militants déclarés, on ne retrouve que 200. Je ne pratique pas ce genre de choses.
Quelle leçon la direction devrait tirer après ces élections ?
Il y a eu des suspensions, non seulement au niveau des délégués, mais aussi au niveau du bureau politique. Au total 47 membres du bureau politique ont été suspendus. Je fais confiance à la direction du Pdci-Rda, notamment au président Henri Konan Bédié. Je pense qu’ils vont tirer les leçons, les meilleurs pour que le Pdci-Rda aille de l’avant et même pour que nous gagnons les élections présidentielles de 2020. Nous pouvons les gagner, mais tout dépendra de la direction du Parti.
Aujourd’hui, quel est l’état de santé du Pdci-Rda à Alépé ?
Le Pdci-Rda se porterait beaucoup mieux s’il y avait un rassemblement des cadres qui d’ailleurs ne sont pas assez nombreux à Alépé. Certains, pour des intérêts personnels, ne travaillent pas pour le parti parce que simplement je suis le délégué départemental. Nous faisons donc du tort à notre parti. J’ai ma vision et si les cadres et militants se rassemblent autour de moi, nous avancerons. A ce moment, d’ici à 2020, nous pourrons bouger de deux ou trois pas. Dès l’instant où le président Bédié nomme telle ou telle personne, il devient le patron et nous devons travailler loyalement pour lui. C’est ce qui me caractérise. Ce que je compte faire, c’est de rassembler les gens parce qu’il y a beaucoup de problèmes à Alépé. C’est ce qui retarde l’avancée du parti. En 1990, le Pdci-Rda était en avant de tous les partis politiques. Pourquoi sommes-nous devenus deuxième à Alépé ? C’est parce que certains militants ne se sont pas comportés comme il le fallait non seulement par rapport au parti, mais par rapport à la population.
Comment expliquez-vous le fait d’aller en Rhdp aux législatives et avoir finalement un groupe parlementaire Pdci et un autre du Rdr ?
A la direction du Pdci-Rda de répondre à cette bonne question.
Qu’attendez-vous du séminaire du secrétariat exécutif du Pdci-Rda ?
En septembre 2014, le président Henri Konan Bédié avec sa bonne foi, avait lancé l’appel de Daoukro qui comportait des éléments essentiels. Il a tout fait pour que les militants acceptent cet appel. Le Pdci n’aura pas de candidat à la présidentielle de 2015 parce que tout le monde soutient le président Alassane Ouattara. Au départ, les militants ont dit non. Mais nous avons travaillé sur le terrain et nous leur avons expliqué que le Président Bédié sait où il veut nous emmener. Et tous ont suivi les consignes de l’appel de Daoukro. Mais il ne faut pas oublier que c’est candidature unique en 2015, parti unifié entre temps, mais surtout alternance au profit du Pdci-Rda en 2020. Malheureusement, après les élections en 2015, des militants du Rdr et non des moindres disent des choses que je ne comprends pas. C’est avant les élections présidentielles qu’ils devraient dire ce genre de choses. J’ai remarqué que c’est quand le Rdr est en difficulté qu’il semble vouloir l’alternance. Ils utilisent le Pdci pour régler leur problème. Après, ils disent qu’ils ne sont plus d’accord avec l’alternance. Il faut que nos frères du Rdr soient un peu sérieux. En ce qui me concerne, si l’alternance ne se fait pas en 2020, je crois qu’au niveau du Pdci-Rda, nous prendrons des décisions avec les militants et on verra bien lequel parti gagnera les élections à Alépé. J’espère que la direction comprendra les cris du cœur des militants de base que nous avons portés au Secrétariat exécutif. Nous n’inventons rien. Tous les délégués départementaux ont dit la même chose en ce qui concerne cette affaire d’alternance. Nous n’y comprenons rien. Les hauts cadres du Rdr ne disent rien de concret par rapport à cette alternance. Ce que nous leur demandons, c’est de prendre leurs responsabilités, leur courage pour dire à la nation que le Pdci-Rda nous a porté au pouvoir en 2010 et en 2015, donc, c’est son tour. Vous verrez que tout le monde se mettra en branle autour du cadre du Pdci choisi pour aller à ces élections de 2020.
Croyez-vous en 2020, pour le Pdci-Rda ?
2020, j’y crois pour le Pdci-Rda. A condition que premièrement, le Rdr change sa façon de voir les choses, c’est-à-dire ses alliances avec les autres formations politiques. Car une alliance se fait sur des bases précises. Secundo, le Pdci doit prendre un peu de recul et mettre deux tableaux en place : Un plan A qui est d’aller en 2020 avec le Rhdp, et un plan B car on ne sait pas ce que prépare le Rdr en 2018 ou 2019. Dans ces conditions, chaque parti ira à la présidentielle avec ses propres moyens.
Lors de votre campagne, vous avez fait des promesses à la population. A quand le début de la matérialisation de ces promesses ?
Avant de promettre à la population, c’est à Dieu que j’ai fait des promesses. Car sans lui, je n’aurais pas gagné ces élections avec tout ce que les gens ont fait pendant la campagne et même le jour des élections. J’ai promis que chaque mois, j’irai à l’hôpital d’Alépé avec la somme de 500.000 FCFA pour aider les malades à payer leurs médicaments. Cette activité va démarrer au mois d’avril. En dehors de cela, j’ai promis de permettre à 50 jeunes d’Alépé d’avoir le permis de conduire. J’ai promis envoyer une dizaine de jeunes se former à la pâtisserie et à la cuisine. Et enfin, j’ai promis financer le commerce d’environ 300 femmes, à un montant allant de 15000 à 75000Fcfa non remboursable. Ce que je n’ai pas promis ne m’engage pas. Car pour moi, la parole donnée est sacrée.
Un message en direction du parti et à vos populations ?
En direction du parti, malgré ma candidature indépendante, je ne suis pas un militant de circonstance. Je fais confiance au président Henri Konan Bédié et à l’équipe de la direction du parti. Je voudrais sincèrement qu’ils emmènent la population ivoirienne dans son entièreté sur des chemins qui conduisent au vrai bonheur que nous avons perdu avec le Pdci-Rda. Concernant la population, je lui demanderais de rester patiente. En avril, nous allons inaugurer la maison des députés et après ce sera les activités de l’hôpital. Je réaliserai tout ce que j’ai promis pour démontrer qu’à Alépé, il y a des hommes et des femmes capables de tenir leurs promesses.
L’Héritage